Traditionnellement, les alliances permettent aux États de
s'associer pour se défendre ou attaquer, de façon plus ou moins permanente et
plus ou moins formelle. Toutefois, ces mécanismes ne sont valables que dans le
cadre des guerres communes avec des hommes, des fusils, des armes et des
bombes, y compris nucléaires.
La révolution du cyberespace bouleverse ces constructions.
En effet, le cyberespace est caractérisé par l'opacité stratégique : tous les
acteurs (États, organisations et désormais individus) peuvent agir de façon
cachée pour espionner, saboter ou subvertir.
Dès lors, quand les alliances d'avant additionnaient des
forces, désormais il s'agit plutôt de partager des faiblesses. De même,
l'indétermination de l'ennemi relativise la solidité des amitiés : si on n'a
plus d'ennemi, si tout le monde est un ennemi potentiel, alors on n'a plus de
vrais amis. Le cyberespace introduit de nouveaux paradoxes stratégiques qui
n'ont pas été relevés jusqu' à présent.
Ainsi, le cyberespace change radicalement les calculs des
acteurs et modifie les rapports politiques sous-jacents : ceci explique la
diversité des attitudes observées à la suite des grandes affaires de ces
dernières années (Géorgie 2007, Stuxnet 2010, Snowden 2013). Cet ouvrage décrypte l'écheveau des calculs. Faisant le
lien entre la théorie des alliances et la cyberstratégie, entre les cas
pratiques et les enseignements conceptuels qu'on peut en tirer, il analyse avec
brio cette question des alliances incertaines et parfois mésalliances qui se dessinent
dans le cyberespace.