Depuis la plus haute Antiquité, les États se livrent à la propagande par
les procédés les plus divers, pour exalter la gloire du souverain ou
attiser la haine de l'ennemi. Simplement, cette propagande a changé de
dimension avec l'apparition, à l'époque moderne, de l'imprimerie qui a
placé au premier plan les médias écrits, presse et édition. Aujourd'hui,
après la radio qui a rendu le premier plan à la parole, l'image s'est
imposée, d'abord avec le cinéma, puis avec la télévision, en attendant
la révolution en cours du numérique et de l'internet. Au-delà de ces
évolutions ou révolutions successives dans les procédés, les finalités
demeurent, à peine inchangées : il s'agit toujours de servir les buts de
guerre, de renforcer la cohésion du groupe par des moyens négatifs : la
censure, ou positifs : la propagande, la désinformation,
l'intoxication... Notre société de l'information, si éprise de
modernité, recourt aux moyens les plus archaïques, parfois les plus
grossiers. Les " bobards " de 1914 resurgissent lors de la guerre du
Golfe, la soldatesque irakienne répétant les atrocités de la soldatesque
boche. Cette enquête historique, la plus vaste jamais réalisée en
France, permet de mesurer l'infinie variété des supports de la
propagande mais aussi la permanence de certains procédés que l'on croit
trop souvent révolus. Une approche critique et historique permet de
mieux comprendre les mécanismes des médias contemporains.
La présente
enquête a été conduite par la Commission Française d'Histoire Militaire
sous la direction de son président, Hervé Coutau-Bégarie, directeur
d'études à l'Ecole pratique des Hautes Etudes, directeur du cours
d'introduction à la stratégie au Collège Interarmées de Défense. 59
contributions couvrent tous les genres et toutes les époques, de
l'Antiquité à nos jours. Une substantielle introduction présente un
premier essai de synthèse.